Du 20 au 30 juin au Arthaus Beirut à Gemmayze, une sélection des artistes du collectif ‘Artists of Beirut’ fondée par Carole Ayoub et Yara Jahchan expose plus d’une soixantaine d’œuvres riches en diversité.
Lancée en 2020, Artists of Beirut (AOB) met en valeur les artistes et artisans femmes libanaises afin de développer l’économie créative du Liban tout en soutenant la préservation et restauration du patrimoine culturel de Beirut. En effet, depuis son lancement, AOB a reversé une partie des bénéfices à des ONG qui œuvrent en ce sens. Cette année, la rénovation du palais Sursock a été choisie comme bénéficiaire d’une partie des bénéfices à travers le Sursock Palace Association.
La saison cinq regroupe treize artistes et artisanes avec une invitée, l’artiste Yolande Labaki qui présentera une œuvre maitresse. Quatre artistes de ‘Artists of Beirut Boutique’ participeront également avec des « signatures pieces » à édition limitée.
À ce programme, s’ajoute des animations culturelles et artistiques les 24 (initiation au dessin avec Maral Maniss), 26 (signature du livre de Michele Sayegh Naja) et 28 juin (atelier art-thérapie avec Sarah Lecuyer).
« La mixité est au cœur du concept. L’Art est porteur de diversité, les techniques et visions des artistes sont toutes riches et uniques » explique Carole Ayoub. Pour Yara Jahchan, la diversité se voit dans les émotions exprimées, les différents sens donnés au thème par les artistes comme l’exploitation du Genre.
Certaines œuvres en elles-mêmes portent ce signe de diversité par les matériaux employés comme l’œuvre de Yolande Labaki par exemple. Mais également les techniques utilisées : peinture, dessin, mosaïque, céramique, photographie, sculpture et art du « upcycling ».
Il en ressort la sensation d’une grande liberté donnée aux artistes afin qu’elles se sentent à l’aise et communiquent avec authenticité leurs propres expressions artistiques.
Les trois artistes du collectif rencontrées expriment parfaitement cette liberté à travers leurs œuvres et la richesse de leur individualité.
Julie Bou Farah, premier prix à la 16ème Biennale Henri Matisse de l’UMAM à Nice, sociétaire au Salon d’Automne et qui a exposé à l’international, nous présente « Interwoven genders ».
Cette peinture est née de la curiosité de l’artiste à comprendre la notion de « l’autre ». Elle est partie de la phrase de Simone de Beauvoir « On ne naît pas femme, on le devient » pour se questionner sur l’être humain.
Dans cette œuvre elle a peint des gens proches les uns des autres, main dans la main, ils sont réunis avec une variété d’émotions différentes comme la femme enceinte et le Genre inscrit sur son ventre. Ici l’artiste souhaitait exprimer que le sexe d’un enfant n’avait pas d’importance, que l’important était dans la diversité. « La diversité c’est la beauté, c’est la richesse ». La richesse de vie et d’expression comme les personnages de son tableau avec le cœur rouge de l’homme ou la femme qui flotte.
Michele Sayegh Naja, écrivaine et peintre autodidacte, s’inspire des poèmes de Baudelaire et du slogan des poètes surréalistes « tu m’as donné de la boue, j’en ai fait de l’or » afin de faire dialoguer l’écriture et la peinture dans des œuvres qui travaillent sur le thème « de la perte à la réparation ».
Elle nous présente « Fantasme », cette œuvre en noir et blanc exprime pour l’artiste le spleen et l’idéal, la femme qui s’offre dans l’impudeur et en même temps repliée sur elle-même dans la pudeur du dévoilement. Pour l’artiste, cette femme qui est encadrée de chaos représente en quelque sorte la femme libanaise qui ose, qui transgresse mais qui n’est jamais sereine. « Une femme dans une quête d’elle-même, dans la transgression ». L’artiste aime raconter des histoires à travers ses peintures comme elle le fait dans ses livres. Parler de diversité lui tient à cœur et elle le revendique dans son livre et ses peintures qui sont « l’alliage des différences ».
Ismat Mahmassani est une photographe narrative et conteuse visuelle. Revenue au Liban en 2017, elle commence à prendre des photos de façades abandonnées et objets délaissés. Elle suit alors l’amour de son père, alors architecte, qui lui montrait la beauté des architectures quand elle rendait visite au Liban avant de s’y installer.
Elle tombe littéralement amoureuse de Beyrouth et de ses « reliques » d’un autre temps et les sublime par son œil en leur redonnant la beauté de la nature par une superposition d’images. Elle imprime ensuite chaque création sur du papier de très haute qualité à édition limitée.
Dans « Windows that sing songs », elle se promenait dans la rue et a senti que « c’est le moment, l’histoire du moment ». Il en ressort ces fenêtres majestueuses d’un autre temps, ouvertes sur des histoires, des mémoires passées, que l’artiste sublime en y apposant des images de papillons et branches de fleurs de cerisier. « Je vois ma ville dans les yeux de quelqu’un qui veut lui redonner vie, une histoire ».
Comme le soutiennent les fondatrices « Grâce à l’expression créative de différentes perspectives, l’Art peut contribuer à remettre en question les stéréotypes dans une ville éclectique comme Beyrouth ». Ces œuvres montrent un aperçu de la variété des messages, techniques et certainement des sensibilités uniques des artistes et artisanes qui exposeront dans notre magnifique capitale. Vernissage le 20 juin à partir de 17h.